Comme nous l’avons déjà relayé sur ce site, l’enquête publique concernant la nouvelle version du projet de contournement ouest de Braine-l’Alleud se clôture le 30 juin 2021 à 10h. Dans ce contexte, tout citoyen et citoyenne peut consulter le dossier du projet et faire part de ses remarques.

Notre groupe Ecolo suit ce dossier de près depuis plusieurs années. Nous avons épluché les centaines de pages du dossier, les avons comparées avec des études antérieures et avec la réalité du terrain. Nous en concluons que ce projet de route (« voirie de liaison multimodale » comme elle est maintenant dénommée) est à rejeter. Il existe une meilleure solution pour améliorer la mobilité sur notre territoire : l’aménagement du rond-point de Mont-Saint-Point.

Voici notre dernier communiqué de presse qui résume cette vision : Contournement – L’aménagement de Mont-Saint-Pont est une meilleure solution plus simple et moins chère, on l’attend pourtant depuis plus de 20 ans

Vous trouverez ci-dessous une série d’arguments détaillés pour mieux comprendre notre position et notre solution alternative. Si ceux-ci vous parlent, n’hésitez pas à vous en inspirer pour exprimer aux autorités communales votre position sur le sujet et contribuer à faire de notre commune un lieu où il fait bon habiter et circuler.

Nos arguments

La voirie de liaison multimodale n’est pas très efficace pour réduire les problèmes de circulation au rond-point de Mont-Saint-Pont.

Selon l’étude d’incidences sur l’environnement du 15/01/2021, réalisée par CSD Ingénieurs Conseils SA à la demande de la commune de Braine-l’Alleud et disponible dans le cadre de cette enquête publique, la nouvelle liaison provoquerait une diminution globale du trafic au niveau du rond-point de Mont-Saint-Pont de l’ordre de 12%. Celui-ci « continuera toutefois à supporter un trafic très important » (voir p.210).

L’illustration de cet article propose une projection qui fait apparaitre une amélioration du trafic à plusieurs endroits (routes en vert). Mais ce qu’on y voit aussi c’est que deux branches du rond-point de Mont-Saint-Pont (Bara et Alsemberg Sud vers Rhode-Saint-Genèse, en bleu) restent en « stand-by »…c’est-à-dire complètement saturées, et que pour les deux branches en vert (Alsemberg Nord vers Braine et Tubize), le problème des files est certes amélioré mais pas complètement résolu.

C’est d’autant plus insatisfaisant qu’en réalité les plus gros problèmes de flux au rond-point de Mont-Saint-Pont se situent entre la chaussée d’Alsemberg Nord (vers/de Rhode) et la chaussée de Tubize. La route ne s’attaque donc pas à la partie du problème la plus significative.

En effet, en analysant en détail les flux au rond-point, à travers les données de comptage automobile tels que disponibles dans l’étude mobilité de 2009, les projections de 2018 et les dernières données de comptage de 2018, on observe notamment que :

  • La plus grosse partie du trafic à ce carrefour est traversant, c’est-à-dire qu’entre 33 % et 61% des voitures vont tout droit (axe Nord-Sud et axe Est-Ouest) aux heures de pointe.
  • Le nombre de véhicules, à l’heure de pointe, a augmenté de 10 à 12 % pour la chaussée de Tubize et diminué sur les autres branches. En enlevant 12 % voire 15 % d’un trafic de pointe qui a augmenté de 10 à 12 % en 10 ans, on ne fait que revenir à la situation antérieure.

Une solution plus structurelle s’impose donc.

La route crée des nouveaux problèmes de mobilité dans le bas du centre-ville. Ce n’est pas un contournement mais une route pénétrante qui déplace les embouteillages. Elle menace la quiétude du centre-ville et freine sa transformation en un centre-ville apaisé.

Toujours selon l’étude d’incidences sur l’environnement du 15/01/2021, réalisée par CSD Ingénieurs Conseils SA à la demande de la commune de Braine-l’Alleud et disponible dans le cadre de cette enquête publique, cette route « risque d’entrainer une réorganisation significative de la mobilité » et « générera en contrepartie une hausse du trafic sur les axes de pénétration que constituent la chaussée d’Ophain et la rue de la Chiennerie » (voir p.210). C’est très visible sur le plan de l’illustration où l’on voit apparaitre des routes en orange, signifiant une augmentation du trafic journalier d’environ 25 %  sur la chaussée d’Ophain, et de près d’une centaine de véhicules supplémentaires dans le centre-ville, qui s’en passerait volontiers !

En 2021, construire une nouvelle route vers un centre-ville historique déjà assez encombré, et dont les petites rues ne peuvent pas supporter plus de trafic, va à l’encontre de notre vision. Nous voulons promouvoir un centre-ville où il fait bon vivre, convivial, ouvert et dynamique, avec une place importante pour les piétons, vélos, jeux d’enfants, et ce en toute sécurité.

L’impact environnemental de cette nouvelle route est désastreux… alors même qu’il existe plusieurs variantes de tracé qui pourraient au moins limiter les dégâts et mieux s’intégrer dans les projets de mobilité à l’échelle provinciale et régionale

Le tracé actuel a un fort impact sur l’environnement. Il traverse en effet une série de terres agricoles, champs, parties boisées et chemins creux. En morcelant ces zones, on attaque la biodiversité et la faune de ces lieux, et on en empêche la progression. On va donc complètement à contre-sens de tous les efforts entrepris actuellement, du local au global, pour préserver et réserver la nature et la biodiversité.

Ce qui est encore plus interpellant, c’est qu’il existe un tracé alternatif, en trois variantes proposées dans l’étude d’incidence et qui minimisent ces impacts négatifs. Le seul argument pour rejeter cette alternative est le fait que ce tracé ne passe pas par le potentiel futur zoning. Or la pertinence, faisabilité et intérêt de ce zoning n’ont pas été démontrés. Et sa mise en œuvre est actuellement mise au frigo par l’InBW, promoteur à l’origine de celui-ci. Ce tracé alternatif s’inscrit en outre dans les plans de mobilité d’axes structurant au niveau provincial/régional, et donc dans la perspective d’un réel contournement (vs. une pénétrante actuellement) il aurait beaucoup plus de sens que le tracé actuel.

Il ne s’agit pas d’une route « bas carbone »

Même si cette appellation a disparu de la communication actuelle, il faut souligner que le calcul du bilan carbone de cette voirie est totalement caduc et superficiel. Par exemple, il écarte d’emblée le lourd bilan carbone de la construction de la route elle-même.

Aménager le rond-point de Mont-Saint-Pont est une alternative plus efficace en termes de mobilité. Elle réduit plus vite et plus efficacement l’ensemble de la congestion à cet endroit. C’est aussi une alternative moins couteuse pour la collectivité, plus rapide à mettre en œuvre, et moins dommageable pour l’environnement.

Dès 2009, le plan Communal de mobilité identifiait les aménagements à apporter aux branches du rond-point,

  • en augmentant les capacités d’entrée Alsemberg Sud au moyen d’un by-pass (ou « tourne-à-droite ») vers Bara, ce qui ferait diminuer le taux de saturation de 90 % à 56 % ;
  • en créant un tourne-à-droite accompagné d’une double voie d’entrée (dédoublement de la chaussée en amont du rond-point) sur 100m pour Bara, ce qui ferait diminuer le taux de saturation de 100 % à 72 % ;
  • en créant un by-pass et à terme une double voie d’entrée Alsemberg Nord.

Une étude d’avril 2020 sur l’aménagement du rond-point de Mont-Saint-Pont, également réalisée par le bureau CSD Ingénieurs Conseils SA, et mise à disposition des conseillers communaux, le confirme : aménager les tourne-à-droite permet de décongestionner le rond-point.

La réalisation des trois tourne-à-droite manquants permet :

  • d’augmenter les vitesses moyennes,
  • de réduire les longueurs d’attente et les temps moyens des files d’attente,
  • d’améliorer les niveaux de service (flux/capacité) des branches Alsemberg-Nord, Alsemberg-Sud, et Est-Bara.

L’effet est particulièrement évident sur la branche Sud où le problème des files d’attente est résolu ; le même avantage n’est toutefois pas obtenu à la branche Ouest (Tubize), où la plus grande fluidité de l’anneau du rond-point provoque des retards à l’entrée pour le flux Ouest (difficulté de s’insérer dans le rond-point).

Il est également indiqué que des feux-filtres aux diverses branches amélioreraient encore la situation.

Dans tous les cas, c’est substantiellement plus efficace que le projet de nouvelle voirie qui permet uniquement de décharger partiellement le rond-point (moins 12% de trafic global, comme précisé plus haut).

Aménager rapidement le rond-point est aussi la bonne solution pour de nombreuses autres raisons : bien moins dommageable pour l’environnement étant donné qu’il s’agit d’un endroit déjà largement artificialisé, plus rapide à mettre en œuvre – tant techniquement que légalement car seules quelques expropriations légères sont nécessaires – et financièrement viable même sans apport européen vu l’ampleur nettement plus limitée du chantier à envisager.

Pourquoi répondre à une enquête publique ?

Un projet d’une telle ampleur a des impacts sur de nombreux aspects de notre commune et de ses habitant.e.s et il est légitime que ceux et celles qui le souhaitent puissent exprimer leur opinion. Plus les autorités reçoivent de réactions, plus elles peuvent prendre la mesure de l’impact de leurs futures décisions sur leurs concitoyen.ne.s et s’assurer que celles-ci profitent réellement au bien commun.

Comment répondre à une enquête publique ?

Il vous faut rédiger une lettre :

  • courte ou longue selon votre inspiration
  • dans laquelle vous expliquez simplement ce qui vous plait et ce qui vous inquiète dans le projet en question
  • vous pouvez recopier des arguments trouvés ailleurs, mais la lettre aura plus de poids si elle est personnalisée
  • adressée au collège communal (çad au Bourgmestre, échevins et échevines)
  • datée et signée, en indiquant idéalement votre adresse
  • L’envoi est possible par email (urbanisme@braine-lalleud.be) ou par courrier ordinaire (avenue du 21 Juillet, 1 – 1420 Braine-l’Alleud)
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