Lors du Conseil communal de ce 28 juin, le groupe Ecolo a voté en faveur de l’ambitieux projet photovoltaïque de la Commune destiné à alimenter via une ligne directe le site d’UCB Pharma. L’un des plus grands champs photovoltaïques de la région wallonne mérite cependant un débat transparent, l’exemplarité juridique et environnementale et une participation des citoyens brainois, nous y veillerons .

La Commune de Braine-l’Alleud a introduit en décembre 2020 – et obtenu en mars 2021 – un permis de bâtir et d’exploiter un champ de 37 000 panneaux photovoltaïques permettant une production annuelle de 13 GWh, laquelle sera quasiment entièrement absorbée par le site d’UCB Pharma, donc la consommation va fortement augmenter à l’avenir.

La centrale photovoltaïque sera créée sur une surface de 13 hectares, sur un terrain qui en compte 27 appartenant à la société Sodever et situé dans l’ancienne carrière transformée par la suite en centre d’enfouissement technique, le long de la chaussée de Tubize. Concrètement, la commune servira donc d’intermédiaire entre deux sociétés privées. Elle louera le terrain à la société Sodever, fera construire à ses frais la centrale photovoltaïque, qu’elle louera ensuite à l’entreprise UCB Pharma. Avec la promesse maintes fois répétée par le Bourgmestre que cela ne coutera pas le moindre euro aux Brainois. Nous y veillerons.

Une information tardive

Quoique d’envergure, ce dossier n’a cependant jamais été évoqué au Conseil communal jusqu’à la découverte inopinée des panneaux relatifs à la demande de permis. Les conseillers Ecolo ont alors interpellé et questionné plusieurs fois la majorité à propos de ce projet. Nous avons bien sûr regretté la conception de la culture du débat de la majorité car il nous semble normal qu’un tel projet aurait dû être révélé dès ses premiers instants aux conseillers communaux.

Par sa taille, sa localisation, le montant colossal des investissements, le montage pour le moins particulier et les intervenants impliqués, ce projet pose en effet beaucoup plus de questions que des projets d’investissements classiques qui suscitent automatiquement notre soutien, comme par exemple l’installation de panneaux photovoltaïques en toiture sur les bâtiments administratifs.

Il a donc fallu attendre le débat fin juin, à l’occasion du vote sur les conditions d’attribution du marché pour la construction de la centrale photovoltaïque, pour que le dossier soit mis officiellement sur la table. En réalité, si nous avons obtenu des réponses – tantôt assez précises, tantôt évasives et partielles – c’est grâce à un questionnement insistant de nos conseillers.

Un projet qui devra être exemplaire

Comme écologistes, nous souhaitons naturellement aider à la réalisation d’une politique volontariste dans le domaine des énergies renouvelables, et encourageons l’intervention des autorités publiques dans la réalisation des objectifs du plan d’Action pour l’énergie et le climat, mais notre soutien ne peut pour autant, être inconditionnel.

Si nous pensons que ce projet peut servir d’exemple, en susciter d’autres et aider ainsi à atteindre les objectifs collectifs de lutte contre le réchauffement climatique, il ne peut servir d’exemple que s’il est exemplaire.

Ainsi, si les conseillers Ecolo ont avalisé lors du dernier Conseil communal les conditions de lancement d’un marché, ils resteront très attentifs sur l’utilisation intelligente mais aussi adéquate de l’argent public, ce qui nécessite que leur soit prouvé des conditions rigoureuses d’exemplarité à la fois sur le plan juridique, financier et environnemental.

Des doutes à dissiper

Nous avons besoin d’être rassurés sur l’implication financière de la commune. La majorité soutient que ce projet sera financé par les prêts bancaires, les investisseurs qu’elle a identifiés et les obligations liées au contrat d’exploitation que souscrira l’UCB et qui devra couvrir tous les coûts.

Un élément important de la rentabilité du projet est l’octroi de certificats verts dont la promesse semble avoir été obtenue très en amont dans le déroulement du projet.

Il faut également s’assurer de la légalité de la structure. Ainsi, il nous paraît important que soient connus et portés à l’appréciation des élus, les projets de contrats ou les contrats  précis qui lient la commune ou sa Régie foncière immobilière (Régie dont le Bourgmestre reconnaît lui-même qu’elle ne serait pas l’acteur idéal pour optimaliser les aspects fiscaux de l’opération), au propriétaire du terrain d’une part et à la société UCB Pharma d’autre part, y compris les engagements  à long terme  des uns et des autres, jusqu’à et y compris le démantèlement de la centrale.

Pas au détriment de l’environnement

Le terrain sur lequel la centrale photovoltaïque sera créée étant un site de grand intérêt biologique (SGIB), le département de la Nature et des Forêts (DNF) a assorti son avis favorable de cinq conditions précises dont le respect fera l’objet de toute notre attention, d’autant plus que ce site jouxte un site classé Natura 2000.

Il faudra aussi nous prouver qu’il fait avancer le Plan énergie climat de la Commune, dans la mesure où la production d’énergie du projet UCB sera entièrement dédiée à une consommation accrue, liée aux besoins croissants de l’entreprise. Au mieux, cette surconsommation sera neutralisée au niveau du bilan carbone.

Il faudra également vérifier si un tel projet sera effectivement rapidement suivi de projets sur les bâtiments publics communaux, pour réduire le cout récurrent de leur consommation d’énergie. À titre d’exemple, nos craintes sont nourries par des investissements projetés relativement faibles pour le placement de panneaux photovoltaïques sur les bâtiments du domaine militaire de la rue Raymond Lebleux, dont la surface des toitures pourrait s’accommoder d’un projet bien plus ambitieux.

Des communautés d’énergie en développement

Nous avons aussi besoin de pouvoir identifier l’intérêt de tous les Brainois dans un projet qui mobilisera des investissements importants de la part de la Commune. Le Bourgmestre nous assure de l’engouement des investisseurs qui se « presseraient au portillon » pour le projet Sodever/UCB et d’un retour assuré pour la Commune, en manière telle que ça ne coûtera pas le moindre euro aux Brainois.

Mieux encore, au-delà de cet horizon, si les textes évoluent, la possibilité de permettre l’investissement financier des Brainois par le biais du crowdlending (prêt pour recevoir un dividende) offrira un bel accès populaire à l’énergie verte.

On verra dès la mise en œuvre prochaine des communautés d’énergie si les habitants pourront bénéficier de cette électricité verte à des conditions financières favorables et si les Brainois qui désirent investir seront associés au financement

Nous pensons, comme écologistes, que ces deux dispositifs, une fois opérationnels, seront d’intéressants leviers à actionner, dont la philosophie politique est clairement orientée vers un public large.

Il existe déjà des projets pilotes de Communautés d’énergie à Liège et Verviers, accompagnés par le Pôle dynamique des énergies renouvelables à la DG06 qui a un rôle d’animation en matière d’énergies renouvelables.

Gageons que le pouvoir communal à Braine-l’Alleud trouvera dans le cadre de ces dispositifs de quoi dynamiser au niveau local une politique qui, dans la foulée, favorisera ainsi la participation citoyenne en matière énergétique. Nous serons prêts à soutenir son action.

Nous serons cependant critiques pour que les citoyens profitent de ces initiatives en réservant notre participation à chaque étape des décisions à venir, si nous n’obtenons pas toutes les assurances.

 

Quelques pages intéressantes si vous souhaitez vous documenter davantage :

Illustration : Serpa Solar Park, construit au Portugal en 2006 (CeinturionCC-BY-SA-3.0)