Le Conseil communal du 5 novembre a approuvé le projet de « Plan d’action pour l’énergie durable et le climat » (PAEDC), qui va être soumis à la Région wallonne. Ce Plan contient un programme d’actions visant à réduire de 40 % les émissions de gaz à effet de serre dans la commune d’ici 2030. Ces actions concernent l’efficience énergétique des bâtiments, la mobilité, ainsi que la production d’énergies renouvelables.

Le groupe Ecolo se réjouit de voir enfin arriver un plan d’action pour la commune de Braine-l’Alleud en matière d’énergie et climat, lequel s’inscrit dans un large mouvement des municipalités européennes lancé en 2008 : la « Convention des maires pour le climat ». Nous apprécions cette prise de conscience du défi climatique et la progression intervenue depuis que nous avons déposé une « motion climat » au Conseil début 2015.

Lors du Conseil communal de ce 5 novembre, le dernier de la législature, Thérèse Snoy a fait une critique publique de ce plan d’action, lequel est assurément très ambitieux mais risque selon nous de manquer de moyens pour ses réalisations. Notre groupe s’engage à surveiller de près la progression de sa mise en œuvre au cours de la prochaine législature.

Un programme ambitieux

Le projet de « Plan d’action pour l’énergie durable et le climat » présente à nos yeux les qualités suivantes :

  • Il démontre que l’objectif ne sera atteint que par une collaboration de tous : pouvoir public et acteurs privés, chacun selon ses moyens, et en mutualisant les connaissances et les méthodes de financement, en combinant les changements de comportements et les investissements.
  • Il accorde une priorité aux économies de consommation énergétique et permet ainsi que la plupart des investissements aient un retour financier positif tant pour les ménages que pour les collectivités
  • Il prévoit de mettre à disposition des ménages des dispositifs d’aide technique et financière qui pourront les motiver à se lancer dans des travaux d’isolation et d’équipement en énergie renouvelable.

Priorités : isolation et chauffage

Le diagnostic posé par la région wallonne démontre notre faible efficience énergétique : une majorité des bâtiments résidentiels sont mal ou peu isolés (y compris dans les logements publics) et il y a donc un risque important d’exposer les ménages à des dépenses de plus en plus élevées pour leur chauffage et leur électricité. En outre, la vulnérabilité de notre territoire au dérèglement climatique est forte en matière d’agriculture, exposée aux risques d’inondations et de sécheresse.

Sur base d’un tel diagnostic, il était donc logique de viser en priorité l’efficience énergétique des bâtiments et d’obtenir par là une forte baisse des émissions. Les objectifs d’économies d’énergie très exigeants supposent de convaincre des milliers de ménages brainois de mieux isoler leur maison, de modifier leur mode de chauffage ou de s’équiper plus efficacement.

Selon ce programme, il faudra en moyenne « 1 toit et 1 chantier d’isolation à entamer par jour pendant 12 ans », ce qui nécessitera assurément une politique de communication très bien pensée et volontariste.  Or, les budgets prévus dans le document nous paraissent nettement insuffisants. Ainsi, les campagnes sur les comportements des ménages ont un budget d’à peine 35.000€, étalé sur douze ans. Nous pensons donc qu’il faudra organiser une vraie équipe « énergie » à l’administration pour aider les particuliers et les entreprises.  Cette équipe devra être pluridisciplinaire et disposer autant de compétences techniques qu’en termes de pédagogique et de communication.

Une grande marge de progression  

Les actions en matière de mobilité se bornent aux changements de comportement des usagers. Or, il faudra également agir sur les infrastructures : rues piétonnes, cyclables, accès facilité aux transports publics…

Les actions prévues sur le patrimoine communal sont nombreuses et appréciables. Sur les bâtiments administratifs ; il est normal que le pouvoir public donne l’exemple. Mais concernant les logements propriétés de la Régie foncière immobilière (RFI) et des logements sociaux, nous suggérons de préciser rapidement les travaux prioritaires à mener. C’est pour le public à revenus précaires que les économies d’énergie doivent être assurées en priorité. Les logements de la RFI doivent être audités et un ambitieux programme de rénovation doit être entrepris.

Les objectifs en matière de production d’énergie renouvelables sont selon nous insuffisants. Ainsi, ils n’intègrent par exemple aucun potentiel éolien ; Ecolo souhaite que notre territoire offre une contribution au développement éolien car celui-ci est une pièce du puzzle « énergies renouvelables ». L’éolien que nous souhaitons est un projet participatif comme il a été réalisé à Nivelles, favorable aux citoyens et à la commune, situé près des grandes infrastructures comme le long des routes. Dire non à l’horizon 2030 à toute implantation éolienne est irresponsable.

Un plan « agriculture-alimentation » ?

Enfin, nous aurions souhaité que d’autres dimensions de notre « empreinte carbone » soient prises en compte dans ce plan : la consommation alimentaire, la production de déchets, les pratiques agricoles, la gestion des espaces verts et des infrastructures. Il s’agit d’accompagner nos agriculteurs pour qu’ils participent tant à la diminution des émissions qu’à la captation du carbone par les sols ou les cultures. Pour ce faire, nous suggérons qu’un plan « agriculture-alimentation » vienne compléter le plan énergie-climat.

Enfin, la mise en œuvre de ce plan demandera un suivi et des évaluations annuelles. Le comité de pilotage y jouera un rôle important. Nous demandons qu’il soit élargi à des experts du climat et à des personnes issues des entreprises et collectivités locales, des associations environnementales ou engagées dans la transition écologique.

Pour conclure, nous voilà devant un défi gigantesque et à entamer de façon urgente. Nous espérons voir la trace de ces exigences et mesures dès le vote du budget 2019. Le plan est tracé mais l’actualité climatique – phénomènes de canicule, de sécheresse et d’événements extrêmes, proches de chez nous – nous rappelle toujours plus chaque jour l’urgence de la situation et la longueur du chemin qu’il reste à parcourir.