Voici le texte de l’intervention de notre conseillère Geneviève Durant lors du Conseil Communal du 31 janvier 2022.
Suite aux difficultés rencontrées par le « frigo solidaire » et dans la foulée de l’intervention du groupe PluS sur le sujet, Geneviève Durant s’est inquiétée de l’étrange stabilité des chiffres des bénéficiaires du Revenu d’Insertion Sociale (RIS) dans notre commune, par rapport à leur évolution globale en Wallonie.
Des chiffres étonnamment faibles à Braine-l’Alleud
Lors du dernier conseil de 2020, elle avait déjà interpellé le Président du CPAS en relevant plusieurs données interpellantes :
- même si nous vivons dans une commune riche, les chiffres de STABEL nous indiquent néanmoins qu’en 2020, plus de 46 000 brabançons se trouvaient sous le seuil de pauvreté,
- plus d’un brabançon sur 6 présentait un risque de pauvreté ou d’exclusion sociale,
- et depuis 2015, la tendance à la demande de RIS est en hausse.
Il faut savoir que notre CPAS est concerné par 203 RIS, ce qui correspond à 5,04 RIS pour 1000 habitants. Ces chiffres aussi sont intrigants quand on voit par exemple que Nivelles prend en charge 318 RIS, ce qui correspond à 10,92 pour 1000 habitants et que Ottignies LLN prend en charge 528 RIS, soit 16,83 pour 1000 habitants !
Malgré ces chiffres interpellants sur le faible niveau d’interventions du CPAS à BL’A en matière de RIS, le Président du CPAS s’était voulu rassurant lors du conseil communal de décembre sur la situation à Braine-l’ Alleud, vantant les bienfaits de la remise au travail sur base des articles 60 et 61 de la loi organique des CPAS.
Mais tout ceci ne nous rassure qu’à moitié. En fait, le nouveau plan de réduction des inégalités sociales approuvé par la fédération Wallonie-Bxl souligne que la pandémie a eu comme corollaire d’amplifier les inégalités sociales existantes et de plonger davantage les publics les plus vulnérables dans la pauvreté. Ce plan, qui s’étend jusqu’à 2025, est disponible en suivant ce lien. Il apparaît donc que la précarité ne concerne plus uniquement les pauvres sensu stricto. On le sait, les familles monoparentales, les travailleurs précaires, les petits indépendants, les étudiants, les jeunes diplômés, les personnes qui ont une petite pension se retrouvent pour beaucoup sur le fil du rasoir.
Anticiper l’augmentation de la précarité
Il faut donc anticiper que même à BL’A, pour peu qu’elle soit stable actuellement, la situation risque de ne plus le rester très longtemps.
Dans ce contexte en effet, entre la crise sanitaire, l’augmentation spectaculaire du prix des énergies, et plus généralement le phénomène d’inflation (les derniers chiffres parlent de 7,50%, ce qui explose toutes les prédictions du bureau du plan qui tournaient autour de 5%), des associations se retrouvent en difficulté pour mener à bien leur mission de préserver le droit fondamental à l’alimentation.
En cette période où la demande des bénéficiaires se fait plus pressante, les dons des supermarchés s’avèrent, eux, pour diverses raisons, de plus en plus aléatoires et ce phénomène risque bien de devenir structurel . Et c’est sans compter qu’en matière alimentaire, on peut aisément le comprendre, les normes sont strictes et les contrôles fréquents.
A Bl’A nous avons la chance de compter plusieurs associations dont l’objet social rencontre cette préoccupation liée à l’accès à l’alimentation.
Certaines de ces associations ont reçu un petit coup de pouce de la part d’IB, PLUS et Ecolo dans le cadre du droit de tirage lié au plan de relance communal. Mais il s’agit d’une goutte d’eau face aux défis actuels et futurs. Le plan de relance voté à hauteur d’un budget de 2 000000 € prévoyait un renforcement de l’aide sociale mais seulement à concurrence de 30 000 euros.
La commune invitée à faire un geste pour les associations
Nous comptons en tout cas sur le CPAS pour ajuster sa politique d’aide sociale à l’évolution du contexte. En ce qui concerne les associations, s’il n’est pas question de « faire à leur place », pourrait-on imaginer que la commune dégage des moyens à leur endroit, ne fut-ce que pour la fin de la période hivernale, à l’instar du gros coup de boost de 400 000 euros donné aux restaurateurs ?
C’est une piste mais il en existe certainement d’autres. Pourrait-on imaginer ouvrir les pages de l’Echo du Hain à ces associations pour leur donner de la visibilité de manière à leur permettre de faire appel à la solidarité des Brainois en ces temps où elle s’avère plus que jamais nécessaire ? Une cité de 40 000 habitants abrite plus que certainement beaucoup de citoyens généreux et solidaires qui pourraient venir épauler l’action de ces associations, en temps, en argent, en dons matériels.
En réponse à cette intervention, le moins qu’on puisse dire est que pour l’instant, aucun écho n’est donné à ces suggestions.