Pour une commune qui se targue d’être bien gérée, Braine-l’Alleud paraît fort peu en pointe dans le domaine de l’énergie. Pourtant, si les défis sont urgents et de taille, il y a aussi beaucoup d’opportunités, y compris financières.
Pour ECOLO, relever le défi de l’énergie demande des actions dans chacune des 3 directions suivantes :
1. « moins » : maîtriser et réduire la consommation,
2. « mieux » : améliorer l’efficacité énergétique, en premier lieu des bâtiments,
3. « autrement » : passer aux sources d’énergie renouvelables.
Maîtriser et réduire sa consommation
Est-ce que l’administration communale a une idée claire de ses propres dépenses en énergie ? Au-delà de la désignation d’un échevin pour cette compétence, a-t-on une ambition – chiffrée – et a-t-on un plan ? Peut-être mais à ce jour, rien de tout cela n’est public.
Sauf le projet de déménagement de l’administration dans l’ancien bâtiment Toyota sur le zoning de l’Alliance dont le bilan coûts-bénéfices en matière énergétique doit encore être précisé.
Pourtant, les possibilités d’économie sont réelles. Toutes les administrations, les entreprises et les familles qui s’y sont mises sérieusement vous le diront : il est possible de consommer moins sans enlever rien d’essentiel au confort ou à l’efficacité. Bien au contraire : on réfléchit aux manières de faire autrement, plus économiques, on crée de nouvelles habitudes, on trouve de nouvelles idées.
C’est cela aussi l’énergie : l’énergie du renouvellement.
Améliorer l’efficacité énergétique des bâtiments
Le chauffage des bâtiments est le poste le plus énergivore. Et le parc immobilier de la commune ressemble au parc immobilier de toute la Wallonie : plutôt ancien et souvent mal isolé.
Au début de la législature précédente, on a fait des audits, des déclarations d’intention. Six ans après, au début de cette législature-ci, on en est aux déclarations d’intention.
Isoler coûte cher, il s’agit de consentir des investissements. Mais il ne fait aucun doute qu’il y aura un retour financier rapide. D’autant plus rapide que le prix de l’énergie fossile, c’est-à-dire du pétrole et du gaz qui sont les plus utilisés pour le chauffage, ne cessera d’augmenter.
Plus ou moins vite, avec des crises et des retours en arrière mais il est certain qu’un jour les prix de ces carburants seront tels que nos modes actuels de chauffage seront inabordables financièrement.
La commune doit consentir ces investissements pour elle-même de manière réfléchie. Et elle doit aider ses habitants à analyser la situation de leur logement, en donnant des conseils (c’est le rôle du « passeur d’énergie » récemment engagé à la commune et du « tuteur énergie » du CPAS) mais aussi en complétant les aides publiques par des primes communales.
La commune doit le faire parce que la mise en commun des expertises techniques et des moyens financiers sont non seulement possibles localement mais ils y sont aussi plus efficaces : on peut prendre le temps d’accompagner les entreprises et les ménages dans leurs projets et on peut faire en sorte que ceux qui en ont le plus besoin, ceux pour qui c’est le plus difficile aujourd’hui, soient aussi les plus aidés.
Car c’est cela aussi l’énergie : l’énergie de la solidarité.
Passer aux sources d’énergie renouvelables
Faire vraiment le choix des énergies renouvelables, c’est bien plus que sélectionner tel fournisseur d’énergie qui présente une offre plus « verte » que son concurrent. C’est considérer toutes les possibilités de génération d’énergie locale.
Car ceux qui deviennent producteurs de l’énergie qu’ils consomment gagnent en indépendance et donc en sécurité. Sans oublier le profit financier direct de tout producteur : ne pas payer l’énergie que l’on produit, voire gagner de l’argent en revendant l’énergie produite au-delà de ses propres besoins.
Que pourrait-on faire ?
- Du photovoltaïque : il reste des centaines de mètres carrés rien que sur le stade Gaston Reiff où l’installation actuelle est plutôt symbolique.
- De la biomasse : avez-vous déjà vu les fumerolles de vapeur qui s’échappent des montagnes de déchets verts à la déchetterie ? C’est de la chaleur qui pourrait être récupérée, ce sont des végétaux en décomposition qui produisent du gaz que l’on pourrait exploiter dans des unités de biométhanisation.
- Pourrait-on faire de l’hydroélectrique et du géothermique ? Sans doute pas : nous n’avons pas de reliefs d’où s’écoulent des torrents, et notre sous-sol est plus connu pour ses marnières que pour ses sources d’eau chaude.
Vent d’enthousiasme
Il reste le vent. Nous en avons pas mal, sur les hauteurs. En témoignent les vieux moulins, à Lillois et à l’Ermite. Nous avons de rares lieux, en périphérie du territoire communal, qui ont été reconnus par la Région wallonne comme propices à l’installation d’éoliennes : assez de vent et assez d’espace pour que les mâts soient raisonnablement éloignés des habitations.
Dans le cas de l’éolien aussi, le retour sur investissement est très intéressant. L’installation de ces machines, plus sophistiquées qu’on ne pourrait le croire, est assez coûteux mais le vent est gratuit, il cesse rarement et la maintenance des éoliennes est bon marché : les retours financiers sont assurés.
D’autant que la Wallonie a prévu de donner la préférence aux projets associant les pouvoirs publics (communes, CPAS, intercommunales…) et les citoyens locaux (coopératives ou associations constituées pour l’occasion). Il est donc prévu que les bénéfices financiers puissent revenir pour moitié directement à celles et ceux qui accueillent les éoliennes dans leur environnement.
Mais Il existe encore d’autres pistes de production autonome d’énergie pour une commune semi-rurale comme la nôtre : le solaire thermique, la cogénération bois, les réseaux de chaleur… Peut-on se permettre aujourd’hui de fermer la porte à toutes les possibilités de produire localement sa propre énergie ? Ce serait faire preuve au mieux de manque d’imagination, au pire de vision à court terme. Ce n’est pas l’ambition que nous avons pour l’énergie de notre commune.
Car avoir de l’énergie, c’est aussi se projeter dans l’avenir avec enthousiasme.
L’énergie, un bien commun
Le monde dans lequel nous vivons nous apprend que certaines formes d’énergie sont éloignées, rares, convoitées et chères. Que d’autres formes d’énergie sont abondantes, renouvelables, disponibles localement et désormais abordables financièrement grâce aux progrès de la technologie.
Nous avons à faire, sans attendre, cette transition des énergies promises à une impasse vers les énergies porteuses d’un avenir serein. Il n’y a pas de mauvaises ou de bonnes énergies. Il y a des énergies plus appropriées à un lieu et à un moment donnés. Faisons les bon choix. Exigeons que soient préférées les solutions énergétiques qui bénéficient au plus grand nombre d’entre nous, dans le respect de l’environnement, de la vie, de l’avenir, au nom du bien commun.
Car l’énergie, c’est aussi ce qui nous réunit et nous vivifie.
Corentin Roulin
Conseiller de l’Action sociale