La population de Braine-l’Alleud ne cesse de croître et cela ne va pas s’arrêter dans les années à venir. Proximité de Bruxelles, attrait de la campagne, dynamisme économique : voilà qui augure d’un avenir plein de vie pour notre commune, et donc d’une demande forte en logements, nouveaux ou rénovés.La taille moyenne des ménages décroît, la structure des familles ne cesse de se modifier et l’espérance de vie augmente. Les aspirations des habitants évoluent également : les modèles d’habitats souhaités sont de plus en plus variés. Par ailleurs, le prix du logement, en acquisition et en location, est toujours à la hausse, indicateur de la santé d’un secteur important de l’économie.
Résultat : dans notre commune, l’offre traditionnelle de logements n’est pas adaptée. Braine-l’Alleud a besoin d’une politique du logement dynamique, intelligente et « tous publics », c’est-à-dire qui se préoccupe des intérêts des propriétaires et des locataires, des familles et des isolés, des plus jeunes et des plus âgés, des habitants au mode de vie citadin et de ceux dont l’âme est plutôt champêtre.
L’illusion des 120-10-2
Que dit la majorité actuelle face à ce beau défi ? Elle dit « 120 m² de surface habitable – 10 ares de jardin – 2 places de parking ». Voilà la règle – non écrite mais volontiers répétée à chaque occasion – que l’on prétend vouloir appliquer à toute création ou rénovation de logement. Pourquoi cette règle est-elle non seulement inepte mais néfaste pour l’avenir de Braine-l’Alleud ?
D’abord, de manière évidente, parce qu’elle ne répond pas aux besoins. L’offre de logements doit être aussi diversifiée que la demande : tout le monde n’a pas besoin de beaucoup d’espace habité, ni d’un grand jardin privatif, ni de deux voitures (ou même d’une seule). Tout le monde ne peut pas se le permettre mais tout le monde n’en a pas nécessairement envie non plus.
La diversité des modes de vie est une richesse qu’ECOLO reconnaît et prend en compte. Elle nous réjouit comme nous réjouit la perspective d’une croissance de la population. D’autres s’en effraient et voudraient que le temps s’arrête en proposant une vision qui date d’un autre siècle : pas plus d’habitants, partout les mêmes villas et les mêmes grands appartements, et bien sûr beaucoup (beaucoup !) de voitures tandis que la campagne, une de nos richesses les plus précieuses, est de plus en plus rongée par les alignements de maisons individuelles éloignées des principaux services communs.
Diversifier et densifier
La deuxième raison de l’inanité de cette règle des 120-10-2 est qu’elle est contradictoire avec la nécessité de densifier l’habitat dans les centres à vocation urbaine. Car beaucoup d’entre nous souhaitent vivre dans l’un des noyaux urbains de notre commune pour être à proximité de la gare, des écoles, de l’hôpital, du marché, des magasins, des cafés et des restaurants, des administrations, des différents établissements culturels ou encore des lieux de pratique du sport, etc.
Et c’est une population locale plus nombreuse qui fera vivre notre commerce et notre centre-ville, qui créera la chalandise et l’atmosphère propices à une vraie qualité de la vie. C’est quand se mêlent jeunes et aînés, quand se rencontrent familles et isolés, quand se réunissent acteurs et spectateurs de la vie culturelle ou sportive que se crée ce sentiment agréable d’être ensemble « où cela se passe ».
Pour que « cela se passe » à Braine-l’Alleud, il y faut des animations, des célébrations, des occasions particulières, certes, mais aussi et surtout des habitants du lieu qui, chaque jour, se déplacent dans les rues, jouissent du plaisir d’aller à pied acheter son journal et son pain, se reposent un moment sur un banc et poussent la porte d’un commerce par curiosité…
Débrider et décloisonner
Densifier, c’est aussi permettre aux propriétaires de mettre en valeur leur patrimoine de la manière la plus appropriée, sans toujours les brider : ce n’est pas un modèle unique, facilement applicable aux nouvelles constructions, qui permettra de redonner vie aux bâtiments de toutes sortes dont l’occupation actuelle n’est pas satisfaisante – ni en termes de rendement ni en termes de convivialité.
Pas besoin de chaque fois tout raser pour ériger des ensembles formatés à grand renfort de lourds investissements : ce que le petit propriétaire recherche, c’est la possibilité d’agrandir, de transformer ou de rénover pour créer des formules d’habitat adaptées au potentiel de son immeuble : que de grandes maisons un peu vides, d’étages de commerce inhabités, de hangars et autres anciens ateliers, garages ou usines qui ne demandent qu’à revivre !
Les nouvelles manières d’habiter, dont nous parlons par ailleurs, permettent un décloisonnement social : entre générations, entre milieux sociaux, entre cultures. C’est la richesse d’une ville que de permettre la cohabitation des différents groupes qui composent sa population. Elle peut le faire harmonieusement en mêlant différents types d’habitations – et non en imposant un modèle unique – et en veillant aux conditions qui favorisent sécurité et convivialité : par exemple en encourageant les projets avec équipements collectifs comme le partage d’une buanderie, de garages, d’aires de jeux, de jardins…
Agir et avoir de l’ambition
Une politique dynamique du logement demande aussi que le pouvoir public puisse intervenir en tant qu’acteur sur le marché : en tant que propriétaire tout d’abord. Au lieu de brader le patrimoine immobilier que l’histoire lui a permis de constituer, la commune devrait peser sur le marché immobilier comme propriétaire et maître d’œuvre.
La commune peut montrer l’exemple de constructions et rénovations qui répondent à toutes les exigences d’une politique du logement dynamique, intelligente et généreuse. Pour faire la différence, atteindre 10% de logement public est non seulement un niveau approprié mais c’est celui que recommande la Wallonie. Logement public pour des publics variés : logement social, dont nous parlons par ailleurs, mais aussi logements moyens et projets immobiliers ambitieux.
Car en termes d’ambition, ECOLO pense qu’au lieu d’apporter une réponse unique, et frileuse, aux défis d’une demande en logement qui ne semble pas devoir faiblir, Braine-l’Alleud pourrait choisir d’être en pointe et de devenir un modèle envié en termes de normes architecturales et urbanistiques, de performances énergétiques, de création d’éco-quartiers ou encore d’alliance public/privé (pas seulement avec les grands investisseurs mais également avec les familles, les associations et autres coopératives de citoyens).
Réglementer et encourager
Le rôle de la commune, c’est bien sûr aussi de réglementer et de faire respecter la réglementation, qu’elle soit communale ou de niveau supérieur. Au niveau communal, il y a lieu de contrer les dérives du marché immobilier notamment en luttant systématiquement contre l’inoccupation ou la sous-occupation d’immeubles, à commencer par les bâtiments publics.
Les biens abandonnés peuvent être plus particulièrement visés : à partir d’un inventaire mis à jour des immeubles et logements abandonnés, une commune peut les sanctionner par des taxes et des amendes mais elle peut aussi agir positivement en les prenant en gestion publique ou en faisant usage des subsides régionaux disponibles pour les acquérir et les rénover.
Mais pour ECOLO, la vocation d’une commune est au moins autant l’encouragement que le contrôle ou la sanction. Encouragement par la fiscalité, par exemple en renforçant les primes les plus pertinentes (rénovation, isolation, etc.) ou en ristournant temporairement à certains ménages les additionnels communaux au précompte immobilier ; encouragement par la promotion immobilière, de manière indépendante ou en collaboration, on l’a évoqué plus haut ; encouragement par l’information et l’accompagnement des ménages.
Accompagner et gouverner
C’est ce rôle d’information et d’accompagnement qu’ECOLO voudrait voir joué par la Régie Foncière Immobilière. Nous proposons que la Régie se transforme en Comptoir du Logement avec un double rôle : d’une part, la gestion des biens communaux, comme aujourd’hui, et le conseil en termes de politique communale du logement – c’est son rôle de soutien au service public – et d’autre part le service au public.
En effet, le Comptoir du Logement que nous appelons de nos vœux, c’est un « guichet unique » où les Brainois peuvent s’inscrire en vue de l’attribution d’un logement public, quel que soit le pouvoir public concerné, recevoir des informations sur l’état du marché, sur les filières et les règles, sur les aides et les primes, bénéficier de l’expertise d’un conseiller logement, solliciter une médiation dans un conflit locatif ou un soutien pour l’action d’un comité de quartier, trouver un relais efficace pour monter un projet de construction ou de rénovation où la commune a, ou pourrait avoir, un rôle à jouer.
Enfin, la vision ECOLO d’une politique du logement digne de ce nom comprend un volet « gouvernance » qui est essentiel : nous sommes convaincus qu’une politique qui prend le temps d’écouter tous les acteurs est une meilleure politique; nous disons qu’une politique en démocratie demande la transparence sur les paramètres pris en compte, sur les données de planification et sur les modalités d’exécution.
La politique du logement dynamique, intelligente et généreuse que mènerait ECOLO se construirait avec tous les acteurs de la vie économique, de la vie associative et de la vie politique, et avec tous les habitants.
– Marylou Homs, conseillère CPAS, Danielle Debière, Pascale Moens