Une « charrette urbanistique » sur le centre élargi de Braine-l’Alleud sera organisée fin novembre. Quel est donc ce concept obscur ? Et à quoi cela va-t-il servir ?
Pourquoi dit-on « charrette » ?
Le terme « charrette » était utilisé par les étudiants en architecture de l’école des beaux-arts de Paris au 19ème siècle. A l’époque, une charrette était envoyée pour récupérer les travaux des étudiants. Il arrivait donc aux retardataires, ou aux plus pointilleux, de courir derrière la charrette envoyée par le professeur pour être quand même dans les temps. L’expression « être en charrette » voulait donc dire qu’un étudiant avait profité jusqu’au tout dernier moment possible avant de remettre ses plans à son professeur. Par la suite, le terme a été repris pour désigner le travail réalisé par un bureau d’étude qui travaille intensément sur un projet urbanistique pendant une période courte.
Une charrette urbanistique au sens moderne du terme est donc une méthode intensive qui vise à réaliser une réflexion urbanistique poussée sur une zone définie, en un laps de temps très court. Pendant une semaine, des spécialistes sont rassemblés dans un local pour réfléchir ensemble. Des visites du site et des quartiers avoisinants sont organisées, ainsi que des réunions d’échanges d’idées avec une série d’acteurs concernés, qu’ils auront identifiés en amont. Un brainstorming géant qui vise à parvenir à un consensus entre les différents intervenants. Au bout de la semaine, le bureau d’étude présente ses résultats à la commune.
Une charrette urbanistique à Braine-l’Alleud ?
La commune a chargé un bureau d’étude de réaliser une « charrette urbanistique » sur le centre-ville. À partir du 20 novembre, un groupe d’architectes et d’urbanistes vont se pencher pendant une semaine sur l’avenir du centre élargi de Braine-l’Alleud. Si cette démarche a en ligne de mire la reconversion du site de l’ancien lycée, elle ne s’y limite pas. La zone concernée par l’étude couvre le pôle culturel (Académie de musique et école communale des Arts), la rue de la Chiennerie et la rue Wayez à l’ouest, le plateau de la gare à l’est, l’avenue Saint-Jacques au nord et la rue Colo-Hugues au sud.
A quoi ça sert ?
De nombreux projets sont régulièrement soumis par des promoteurs au service d’urbanisme de la commune. Avant d’accorder des permis, il est important qu’elle ait une vue d’ensemble sur son projet d’aménagement du centre, pour garder une cohérence. Celui-ci devra prendre en compte ses besoins en termes de mobilité, d’accessibilité, de stationnement, de création de commerces, mais aussi de qualité de vie des habitants avec l’aménagement d’espaces verts.
Quel impact sur le centre ?
Dans son rapport, le bureau d’étude va établir une série de recommandations sur les règles d’urbanisme à respecter : les volumes des bâtiments (hauteurs maximums, nombre d’étages…), la densité (le nombre d’habitants) et les fonctions (logement, commerce, parking…). Une usine ou une prison ne pourraient pas être construites à cet endroit par exemple.
Leurs recommandations porteront aussi sur les grands axes de réaménagement et de redynamisation du centre-ville en précisant notamment les limites des espaces publics et privés et les voies de circulation (on pourrait recommander la création d’une rue, par exemple). Le tout abondamment illustré par des plans, des vues en relief et des coupes pour donner une idée concrète des options choisies.
Il s’agit en fait de préciser le Schéma de Structure communal du « centre élargi ». Celui-ci pose les grandes lignes du développement de la zone au cours des prochaines années. A l’avenir, les promoteurs devront respecter les recommandations validées par la commune pour proposer un projet s’ils souhaitent obtenir un permis de bâtir, y compris le promoteur ayant racheté le site du lycée.
Et le citoyen ?
Malheureusement, la commune ne prévoit pas de participation citoyenne alors que c’est pourtant fréquent dans ce genre de processus. Interrogé à ce sujet ainsi que sur l’implication des conseillers communaux, le Bourgmestre s’est retranché derrière la procédure qui prévoit que le bureau d’études fasse une liste des interlocuteurs qu’il propose de rencontrer. Or, nous n’avons toujours rien vu passer à ce sujet…
C’est pourquoi nous prenons les devants et organisons une journée de consultation des habitants sur l’avenir du centre-ville. Nous ne voulons pas que la commune se contente de présenter un projet déjà bouclé et dise « critiquez-le » : il faut réaliser le travail beaucoup plus en amont. Au terme de notre consultation ouverte à tous, nous transmettrons les résultats à la commune en lui demandant que le bureau d’étude en tienne compte.