Quelle magnifique prouesse réalisée par la majorité brainoise au cours de l’été : faire passer la construction d’une nouvelle route pour un projet bas-carbone et empocher au passage les subsides européens réservés au climat. Chapeau ! Et comme une si grande victoire est souvent un travail collectif, il faut également féliciter le gouvernement wallon, André Flahaut, et la Commission européenne. Bravo à eux.
– Ecolo Brabant wallon


contournement_satellite_reduced_size.jpgCe projet de « contournement » des zonings brainois est dans les cartons depuis longtemps. Il a d’ailleurs déjà été recalé par le FEDER en 2014. Pour la majorité brainoise (MR-PS), ses très nombreux avantages en font pourtant un projet indispensable : cette nouvelle voirie de 1680 mètres sur 15 de large devrait désengorger l’hôpital et les voiries alentours. Mais surtout, elle réduirait drastiquement les distances parcourues pour les 450 personnes qui seront employées dans le futur nouveau zoning. De 700 mètres. Epatant.

Les sentiers battus

Au regard de ces formidable avancées, les inconvénients, eux, sont évidemment « minimaux » : la création d’un nouveau zoning dans un quartier déjà (légèrement) saturé de trafic et dans une zone (un peu) agricole composée de prairies, la destruction des derniers sentiers de campagne de Braine et un budget – léger – de 6,8 millions d’euros (le prix de 2 nouvelles écoles de 10 classes ou de 3 halls sportifs).

Mais où trouver cet argent ? Avec un bon coup de pouce politique de l’alliance MR-PS à tous les niveaux et l’aide d’un bureau d’études, il a suffi de démontrer que ce raccourci de 700m permet d’économiser du CO2. Moins on roule, moins on émet. Eureka ! Et voici le dossier éligible aux subsides réservés pour les projets « bas-carbone ». Emballé, c’est pesé. Et tant pis pour la cohérence.

Sans rire

Le seul problème, c’est que ces calculs sont faussés car ils oublient de nombreuses données : toute nouvelle voirie crée un appel aux voitures et finira engorgée tôt ou tard, la destruction de zones naturelles a un impact CO2, la construction d’un km de route également, etc.

Bref, pour Thérèse Snoy, conseillère communale Ecolo : « Comment est-il encore possible de se moquer ainsi de l’environnement et des objectifs climatiques de la COP21, et de mobiliser des millions dévolus au climat pour construire un contournement routier ? ».

RouteAvant-2.jpgDes éléments de réponse :

  • Un manque de conscience de la part de la majorité brainoise, qui ne réfléchit qu’à court terme.
  • Des critères de sélection validés par le Gouvernement wallon et la Commission européenne qui sont beaucoup trop larges. Il est impératif de les rendre plus stricts. Ce combat se fera au niveau européen grâce à Philippe Lamberts, qui s’est saisi du dossier.
  • Un comité de sélection wallon influencé par des accords préalables. Les rapports des experts du comité mériteraient dès lors d’être rendus publics. Une question sur la teneur de ce rapport a été posée au ministre via notre élue au Parlement wallon, Hélène Ryckmans.

Pour Véronique de Brouwer, co-présidente d’Ecolo Brabant wallon : « On peut chercher à réduire les embouteillages néfastes aux automobilistes et au climat. Mais pas n’importe comment : une nouvelle route crée un appel de voitures, qui conduit à un engorgement progressif de celle-ci. A quand un contournement du contournement ? »

Les vraies solutions « bas-carbone »

Les solutions de long terme sont dans les alternatives à la voiture pour ceux qui le peuvent.

A Braine-l’Alleud, ce sont des navettes de bus sur les voiries actuelles, une amélioration des fréquences de la gare vers le zoning, l’aménagement de l’ancienne ligne 115 pour les modes doux, et s’il faut créer de nouveaux zonings, les localiser dans une zone proche du chemin de fer et du futur RER…

Ailleurs, c’est dans une réflexion de long terme sur les transports en commun, la place des modes doux, de nouvelles façons de travailler et de consommer.

Faute de « bas-carbone », cette très mauvaise utilisation de l’axe 4 du FEDER donnera finalement lieu à une des nombreuses routes « basses-analyses » du pays.