Braine-l’Alleud, ville à la campagne, ne cesse de grandir. Pour répondre aux besoins vitaux des habitants, tout en préservant son caractère rural, réinventons l’alliance entre les habitats plus ou moins denses qui forment notre ville et la présence de la nature.
Maillage gris
Parmi ces besoins vitaux, il y a la mobilité : pouvoir se déplacer d’un point à un autre en utilisant le mode de locomotion que l’on trouve approprié à ce déplacement. Dans le cas du maillage gris, il s’agit d’offrir une variété de voies de déplacement tout en assurant la sécurité, surtout quand différents modes se côtoient : lent et rapide, en commun et individuel, motorisé et non motorisé, professionnel et privé.
Un maillage gris réussi, c’est d’abord un réseau aussi dense que possible pour chacun des modes de déplacement mais en privilégiant, volontairement, ceux qui répondent aux exigences de l’écologie et de la convivialité : voies et zones piétonnières, pistes cyclables, voies réservées aux transports en commun…
La complémentarité est ici essentielle : rien n’est plus agréable que d’avoir le choix pour aller au centre-ville ou au supermarché entre la marche, le vélo, le bus ou la voiture selon les circonstances et les besoins du moment. Qu’un trajet différent s’offre dans chaque cas et que toutes les voies soient également pratiques, agréables et sûres : voilà l’idéal du maillage gris.
Le Plan Communal de Mobilité, adopté en 2009 par le conseil communal, contient toute une série de propositions qui favorisent une mobilité partagée. On pourrait donc commencer par réaliser concrètement ces propositions…
Maillage vert
Toutes les voies de déplacement peuvent accueillir un peu plus de nature.
Deux exemples :
- pour les piétons, nombre de sentiers de promenade, de chemins et de venelles entre quartiers mériteraient une sérieuse réhabilitation pour en faire des lieux de passage bien entretenus, sécurisés et agréables;
- pour les voitures, nous proposons que l’aménagement et la gestion de ronds-points soient confiés à des entreprises de jardin : elles soumettraient un projet répondant à des critères définis en termes de respect de la nature et de renouvellement de la décoration végétale.
Mais nous ne considérons pas le maillage vert seulement sous cet angle qui pourrait paraître anecdotique : la nature n’est pas seulement un joli décor, la préserver et lui donner une vraie place au cœur des villes répond aussi à un besoin vital. En effet, des espaces verts de qualité permettent non seulement de protéger la biodiversité et d’éviter une urbanisation sans âme mais ils ont aussi un impact positif sur la santé et sont un facteur de cohésion sociale.
D’ailleurs, chaque maillon de la chaîne verte est important pour ce lien entre soi et la nature: la jardinière sur le balcon de mon appartement, le jardin autour de ma maison, le potager que je travaille seul ou que je partage avec mes voisins, la plaine de jeux où s’amusent nos enfants, le parc où nous pouvons bavarder entre concitoyens, le bois où nous allons respirer le week-end ou encore la campagne, ses prés et ses champs, où nous allons nous promener ou faire notre jogging…
La commune peut favoriser un maillage vert dense et de qualité en conformité avec les exigences d’un développement de notre ville qui soit durable.
Quelques exemples :
- remise en valeur du Bois du Drape et de son étang, notamment par la création de passerelles, la réfection des panneaux didactiques en piteux état et l’aménagement de la zone d’accueil où manquent bancs et tables;
- revalorisation du Parc Bourdon & Baty Gigot, notamment par une remise en état des chemins avec pose de chicanes pour interdire l’accès aux véhicules, la création d’un parcours Vita et d’une zone de jeux pour les enfants et la construction d’une structure fixe couverte avec bancs et tables en bois;
- remise à jour, tous les 2 ans, de la liste des arbres remarquables (par un appel au classement à la population);
- encouragement à la création de potagers et jardins partagés, notamment en mettant à la disposition des associations ou des comités de quartier des terrains communaux inexploités ou en soutenant les initiatives privées (publicité du projet, soutien logistique aux jardiniers…);
- création de nouvelles plaines de jeux et réhabilitation de celles qui existent encore.
Maillage bleu
Bien souvent, les rivières ont été déterminantes dans la localisation ou le développement des villes et des villages, c’est le cas de Braine-l’Alleud dont l’activité industrielle fut à l’époque dépendante de la disponibilité d’eau en abondance. Le Hain fut donc essentiel à l’existence de notre ville.
Les cours d’eau de l’entité, comme le Hain, la Légère Eau ou le Badeau à Lillois, sont des éléments du paysage brainois qui méritent une attention toute particulière pour deux raisons :
- elles ont façonné les reliefs et restent des éléments forts de structuration des espaces;
- elles ont une fonction essentielle dans le cycle naturel de l’eau, et donc de la vie, et jouent un rôle positif dans la sensation de bien-être des habitants, incarnant le lien entre la nature et l’homme.
Le maillage bleu consiste à veiller à la santé et à la mise en valeur de tous les ruisseaux, rivières et points d’eau de la commune. Voici quelques exemples de ce que nous pensons que la commune pourrait faire en la matière :
- valoriser les berges du Hain et de La Légère Eau en privilégiant les aménagements naturels qui participent à la préservation de la biodiversité locale;
- alimenter le débit de La Légère Eau, notamment par un système d’écoulement des eaux de pluie dans quelques rues en pente situées à proximité, par l’installation de ventelles (dispositifs légers pour retenir l’eau et réguler le débit) ou encore par une négociation avec Vivaqua en vue de laisser une partie de la nappe phréatique de la source retourner au ruisseau (tandis qu’actuellement Vivaqua capte le débit de la source dans son intégralité à l’Est du ring);
- protéger ou réhabiliter des zones d’intérêt botanique, notamment au Paradis, au bord de la future Zone d’Immersion Temporaire, ainsi que des mares et des étangs, par exemple l’étang de l’Estrée, qui semble abandonné à son triste sort.
Le maillage des maillages
Il est même possible d’imaginer des réalisations qui servent en même temps la circulation, la connexion entre espaces verts et la mise en valeur des cours d’eau. Par exemple, la création de liaisons piétonnes le long des cours d’eau.
Que diriez-vous d’un parcours le long de la Légère Eau, depuis le Collège Cardinal Mercier jusqu’au Parc Bourdon ?
Quelles nouvelles promenades, quels nouveaux points de vue permettrait une nouvelle liaison pédestre entre le Paradis et Mont Saint Pont ?
Imaginez la promenade :
départ de la zone humide du Paradis, on pénètre en ville par le Chemin des Prés d’Ophain; après avoir traversé la rue Bayard, on longe l’Académie des Arts puis le parking de la Goëtte sans quitter les berges; après les établissements Carimar, on passe l’ancienne haute grille, au bout de la rue de la Goëtte, qui ouvre sur la plaine du Rossignol; promenade bucolique à travers la zone humide, point de vue sur l’hôpital et la ville; on continue sous le viaduc le long de l’eau pour rejoindre et traverser la Planche au Pêcheur puis continuer par la rue du Hain; suivant toujours plus ou moins le cours de l’eau, grâce à la réhabilitation d’anciens sentiers et l’aménagement de la rive par endroits, on rejoint le zoning artisanal pour le traverser loin des voitures; on arrive ainsi le long du Colruyt puis au Delhaize, rue de la Graignette…
Pour une simple promenade le long de l’eau, pour se rendre à un cours d’art, pour aller au marché ou au supermarché, voilà une liaison piétonnière au cœur de la cité dont beaucoup de villes envieraient le charme et la diversité d’ambiances (pleine nature, anciens sites industriels, quartiers résidentiels, nouveaux quartiers commerçants).
Voilà une réalisation qui donnerait un caractère unique à la qualité de la vie à Braine-l’Alleud.
Une ville à la campagne ? Oui, mais alors …
Roland Massart
Corentin Roulin