Face à la crise du logement, que nous vivons particulièrement fort en Brabant wallon, il y a des solutions quantitatives qui consistent à accroître l’offre de nouveaux logements, mais il y a aussi des solutions qualitatives qui consistent à innover dans la manière d’habiter pour pouvoir répondre à certains besoins sociaux et diminuer les coûts du logement dans le budget des ménages.

Face à la crise de l’énergie et au manque d’espace, il s’agit de chercher la formule pour densifier l’habitat sans perdre de la qualité de vie.

Des personnes seules et âgées souffrent de la solitude dans de grandes maisons lourdes à entretenir. D’autres ne veulent plus de voiture et ont besoin de services de proximité. Des familles se recomposent avec des tailles variables en raison de la garde partagée des enfants. Des jeunes ménages avec enfants aspirent à un environnement plus vert mais n’ont qu’un petit salaire…
Pour toutes ces situations, il faut explorer de nouvelles manières d’habiter. Et les expériences ne manquent pas dans notre région.

L’habitat groupé

L’habitat groupé recouvre des formules diverses de logements qui disposent d’un espace privatif, mais partagent le jardin et des locaux communs. Il y en a d’anciens exemples (les années 70 en ont vu fleurir en Brabant wallon à Rixensart, Rosières, Louvain-la-Neuve, …) et de nouveaux, comme à Limal (Bois del Terre).

Les ménages qui s’y installent ont, à des degrés divers, le souhait d’économiser l’énergie, de renforcer les liens sociaux et pragmatiquement de trouver à se loger pour moins cher dans un environnement de qualité. A une échelle plus grande (plus d’une trentaine d’entités), le « cohousing », qui nous vient du Danemark, s’implante chez nous (la Grande Cense à Clabecq et le « Vinderhoute » à Gand (voir Le Soir du 29.03.2012).

Des projets centrés sur les personnes plus âgées

D’autres projets d’habitat sont davantage centrés sur les personnes plus âgées. Les maisons Abbeyfield, par exemple, offrent aux aînés la possibilité de vivre en toute autonomie tout en étant au sein d’une communauté solidaire en cas de pépin de santé. Des moments et activités communautaires sont prévus.

Il y a aussi les habitats « kangourous » : des logements qui accueillent simultanément des locataires jeunes et âgés. Cette cohabitation basée sur l’échange de services favorise les interactions entre générations, offre une certain sécurité et rompt l’isolement : voir par exemple http://plusmagazine.levif.be/fr/societe/relations/artikel/294/l-habitat-kangourou-ou-comment-reactiver-la-solidarite-entre-les-generations.

Le Community Land Trust, la dernière innovation venue de Grande-Bretagne

Au niveau juridique, le concept de « community land trust » consiste à dissocier la propriété du sol et la propriété de l’habitat qui se construit dessus. Les communes ou pouvoirs publics propriétaires de terrain peuvent mettre à disposition des terrains et des acquéreurs peuvent, à moins de frais, construire un logement. S’ils souhaitent le revendre, la plus value est partagée avec le propriétaire du sol. Ce statut permet des économies d’investissement et d’échelle.

La formule est encore à l’état d’expérience car il s’agit d’en prévoir toutes les conséquences juridiques (en termes de fiscalité, d’héritage, etc.). En effet, ces innovations supposent parfois de bousculer les règles de propriété, de domiciliation et les règles urbanistiques. Beaucoup de ces projets ont été freinés par des règlements qui ne prévoyaient pas ces formes de partage de l’espace.

Plutôt que de freiner les initiatives de partage de l’espace, le pouvoir politique doit au contraire trouver aujourd’hui des formules et des leviers qui leur permettent d’exister.

Ecolo veut apporter un soutien à toutes ces formules qui permettent de répondre aux défis écologiques mais aussi au besoin en logement et en solidarité.

Les Ministres Ecolo du logement à Bruxelles et en Wallonie (Christos Doulkeridis et Jean-Marc Nollet) ont tous deux décidé d’expérimenter le statut de Community Land Trust et d’aider les sociétés de logement social qui s’y lanceraient. Un soutien financier supplémentaire est aussi prévu pour les logements publics intergénérationnels ou de type « kangourou ».

Nos communes peuvent faire de même en donnant un coup de pouce financier et en accompagnant les auteurs de projet dans leurs démarches. Elles peuvent favoriser les projets de logements publics qui intègrent le partage d’équipements (buanderies, garages, aires de jeux, potagers, …). Elles peuvent mettre à disposition des terrains pour des partenaires privés, sans en perdre la maîtrise finale.

Il s’agit d’être créatif, de modifier notre regard sur la façon d’habiter, pour renforcer les liens sociaux et économiser les ressources. Les générations futures nous en remercieront.

Thérèse Snoy