Le climat se réchauffe, la concentration en CO2 passe un seuil critique, l’électricité est chère, le mazout volatile… Fukushima nous force à admettre le caractère non durable du nucléaire et le vent souffle en tout sens sur les sources d’énergie renouvelables !
Le défi énergétique est grand. Chacune à leur échelle, l’Union européenne et la Wallonie ont toutefois pris des mesures pour apporter des réponses à l’horizon 2050.


Notre société est fortement conditionnée par la manière dont nous nous procurons et nous consommons l’énergie nécessaire pour nous offrir le confort ou nous rendre les services que nous en attendons : déplacements, chauffage, électricité nécessaire pour faire fonctionner nos outils de production et les multiples appareils électriques qui nous assistent dans nos actes quotidiens.

Or, deux phénomènes fondamentaux ont démontré la fragilité de notre modèle de production et de consommation de cette énergie :

  • D’une part, il devient de plus en plus coûteux de se procurer les énergies primaires
    nécessaires pour nous fournir les services énergétiques que nous attendons.
    Par exemple, le prix du baril de pétrole a plus que doublé par rapport au prix du baril en 2000. De plus, le niveau des prix est de plus en plus volatile. Ainsi, le mazout de chauffage s’est-il apprécié et déprécié de 30% chaque année entre 2007 et 2012, ce qui handicape très fortement la gestion budgétaire des ménages ou des industriels.
  • D’autre part, la production et la consommation d’énergie a un impact de plus en plus important sur notre environnement : les émissions de gaz à effet de serre dérèglent le climat et d’autres émissions polluantes constituent un risque pour la santé humaine et portent atteinte à toutes les espèces vivantes. Une augmentation de 4°C à 5°C de la température moyenne du globe mènerait à une diminution des ressources d’eau disponibles, une extinction de plus de 40% des espèces, une baisse des rendements des cultures céréalières, etc.

Malgré ces signaux alarmants, la plupart des dirigeants tergiversent sur les mesures à prendre pour endiguer ces phénomènes tant ils sont conscients de l’importance du changement à opérer et donc de l’effort qui sera requis pour mobiliser et réaliser cette « transition énergétique ». Ils privilégient donc les intérêts de court terme plutôt que de répondre au défi de l’avenir. La maigreur des résultats engrangés lors de la conférence de Doha sur le climat en est encore un exemple marquant.

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L’Union européenne, pionnière et locomotive

Pionnière en la matière, l’Union européenne a défendu et adhéré aux fameux accords de Kyoto qui imposent un objectif quantifié de réduction des émissions.

Elle a tracé la voie jusqu’à 2020 en fixant collectivement aux Etats membres l’objectif

  • d’atteindre une réduction de 20% des émissions de gaz à effets de serre (par rapport au niveau de référence en 1990),
  • de réduire les consommations énergétiques de 20% et
  • d’introduire 20% d’énergies renouvelables dans la couverture des besoins énergétiques.

Dans le cadre de la répartition de ces objectifs entre les Etats membres, la Belgique s’est vue attribuer un objectif s’élevant à 13% d’énergies renouvelables (SER) dans la consommation globale.

Fin 2012, une nouvelle directive en matière d’efficacité énergétique a été adoptée obligeant les États membres à mettre en place des mesures nouvelles et additionnelles en matière de réduction des consommations énergétiques qui permettent d’atteindre au total de la période 2014-2020 une réduction du volume d’énergie de 42% de la consommation annuelle par rapport à la moyenne sur 2010-2012.

En outre, en mars 2011, la Commission a présenté sa Feuille de route « Climat » à l’horizon 2050 suivie en décembre 2011 d’une Feuille de route « Energie » à l’horizon 2050.

  • La feuille de route « climat » indique des fourchettes de réduction des émissions d’ici à 2030 et 2050 pour des secteurs clés.
  • La feuille de route pour l’énergie à l’horizon 2050 montre que le passage à une modèle énergétique qui s’appuie sur des énergies renouvelables est faisable.

L’année 2020 s’inscrit désormais clairement comme une étape majeure dans une vision conduisant vers 2050. Et même si les pays membres pourraient évoluer en ordre dispersé en fonction du poids qu’ils donneront à leurs enjeux énergétiques et économique, l’Union européenne a tracé une voie claire vers un nouveau modèle énergétique durable.

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Et en Région Wallonne ?

En s’inspirant de la vision développée par l’Europe, la Wallonie, sensible à la volatilité des prix de la part dominante qu’occupent les énergies fossiles dans son bilan énergétique et considérant le désengagement programmé du nucléaire, s’est dotée d’une stratégie énergétique globale ambitieuse, avec deux objectifs prioritaires :

1. Réduire notre besoin énergétique global en faisant le pari de la sobriété et de l’efficacité énergétique.

2. Recourir le plus possible aux énergies renouvelables exploitables sur son sol afin de mener à une indépendance énergétique bien plus prononcée de la Région.

Deux objectifs secondaires doivent être atteints aussi :

  • viser la maîtrise des coûts des services énergétiques et
  • soutenir un nouvel essor économique assorti de créations d’emplois (associés aux utilisations des énergies vertes).

Cette stratégie nous semble la seule capable de répondre à la fois aux défis climatiques et environnementaux. En outre, elle permettra de faire face à la réduction de la production électrique d’origine nucléaire selon le calendrier fixé par le gouvernement fédéral.

Dans ce cadre notre Région s’est engagée à atteindre :

  • 20% de la consommation issue de source renouvelable (SER) en 2020 dont 8.000 GWh d’électricité de sources renouvelables sur son territoire ;
  • une réduction de 30% des émissions de gaz à effets de serre par rapport au niveau de 1990 (soit 10% de plus qu’attendu).

Ces objectifs constituent une étape importante dans le processus vers l’utilisation maximale des sources d’énergie renouvelable pour couvrir la demande énergétique et posent les jalons sur la voie d’un nouveau paysage énergétique 100% basé sur les énergies renouvelables à l’horizon 2050.

De tels objectifs permettent, en outre, de créer une dynamique de développement à plus long terme en donnant un signal fort aux ménages et aux industriels. Pour les premiers, ils supposent des modifications de leur comportement d’achat et de consommation. Pour les seconds, ils sont porteurs de création de filières propices aux investissements et génératrices d’emplois.

Dans cette perspective, l’électricité est appelée à jouer un rôle majeur dans la réussite de la transition énergétique.
En effet, l’électricité est le vecteur le plus propre à l’usage, le principal vecteur de conversion des sources d’énergie renouvelable ce qui permet d’en favoriser l’utilisation massive, le vecteur privilégié pour le développement des nouvelles technologies et des applications les plus performantes sur le plan énergétique.

Cette électricité peut notamment être produite par des éoliennes. La Région wallonne a d’ailleurs adopté le plan éolien dans la perspective d’atteindre une production d’électricité de 4.500 GWh (sur les 8.000 cités plus haut) tout en maîtrisant le développement de cette ressource pour en minimiser les impacts environnementaux et en faire bénéficier les citoyens et les collectivités locales.

Thérèse Snoy
Sur la base d’une note de Julien Vandeburie, collaborateur du parti Ecolo